MANIFESTE DU GROUPE DU 24 FÉVRIER

 

Pas de paix sans justice !
En défendant leur liberté, les Ukrainiens se battent aussi pour la nôtre.
Nous sommes solidaires de leur combat et leur en sommes reconnaissants.

 
 
Depuis des années, la politique extérieure et intérieure de la Russie représente un danger pour la paix dans le monde, danger dont la plupart des dirigeants européens ont cru pouvoir faire fi, car il ne paraissait pas les concerner directement.
Alors que les deux guerres de Tchétchénie avaient déjà alerté ceux et celles qui voulaient bien voir la réalité en face, et alors que la Géorgie avait vu les troupes russes entrer sur son territoire en 2008, c’est au tour de l’Ukraine d’éprouver cette violence depuis 2014, avec l’annexion de la Crimée et le déclenchement de la guerre dans le Donbass, guerre qui a pris un tour massif et encore plus effroyable depuis l’invasion du 24 février 2022.
Ces guerres ont mis en évidence l’ampleur des exactions que peuvent commettre les forces russes, dans une impunité quasi-totale.
Le régime politique russe, en devenant de plus en plus autoritaire, a détruit l’État de droit en Russie, viole les droits humains et menace aujourd’hui gravement la paix en Europe.
 
Au lendemain du 24 février 2022, nous nous sommes réunis à Bruxelles pour réfléchir ensemble aux nombreux défis que pose cette guerre et pour chercher des modes d’actions citoyens pour exprimer notre soutien à l’Ukraine.
Issus d’horizons divers, nous avons en commun un lien professionnel ou personnel avec l’Ukraine et avec les pays de la région.
 
Le cadre du conflit est clair et nous pensons que les suites se doivent de l’être aussi :
  • L’Ukraine est un État indépendant, souverain, reconnu par la communauté internationale.
  • La Fédération de Russie a déclenché une guerre d’agression : elle en porte la responsabilité entière.
  • L’Ukraine se trouve en position de légitime défense qui justifie un soutien entier de notre part, y compris militaire.
  • L’invasion russe doit cesser et les territoires ukrainiens occupés depuis 2014 doivent être restitués à l’Ukraine.
  • La Russie brandit la menace d’un conflit d’ampleur mondiale et se livre à un chantage à l’arme nucléaire. Sa rhétorique d’agression explicite est assumée comme projet politique.
  • L’armée russe commet en Ukraine des exactions dont la qualification pénale précise (crime de guerre, crime d’agression, crime contre l’humanité, génocide) est en cours d’examen. Il est fondamental que ces crimes ne restent pas impunis.
  • La guerre entamée par la Russie ne se limite pas au conflit armé sur le territoire de l’Ukraine, elle fait aussi usage de l’arme de la faim, en fragilisant la subsistance des populations de par le monde. L’État russe utilise la dépendance énergétique européenne pour déstabiliser nos sociétés et affaiblir le front européen de solidarité avec l’Ukraine.
 
Nous constatons la circulation en Europe de discours forgés par le Kremlin, dont le principe consiste à nier les faits univoques de l’agression en affirmant à l’envi que : « Tout n’est pas si simple ». Ce travail de désinformation constitue un péril à part entière. Il est vital d’éviter qu’il s’enracine dans les opinions publiques.
 
Une hypothétique « humiliation » de la Russie ne peut être une justification de la politique d’agression russe.
De même, il est inacceptable de considérer qu’il s’agisse d’une guerre « préventive » contre une hypothétique agression par l’OTAN.
La guerre que la Russie mène en Ukraine est impérialiste. D’autres pays, y compris les nôtres, ont un passé colonial, leurs politiques étrangères ne sont pas exemptes de torts. Il serait absurde de considérer que cela justifie que la Russie cherche à anéantir l’Ukraine et massacre la population ukrainienne.
 
Parce que nous aspirons à la paix, nous rejetons le pacifisme qui rend complice du plus fort et met tous les belligérants sur un pied d’égalité. Nous redoutons ce pacifisme, idéologie opportuniste, instrumentalisée par la Russie, qui rejette l’usage des armes pour obtenir une paix à tout prix. Nous redoutons que certains décideurs n’exercent des pressions sur l’Ukraine pour qu’elle accepte des pourparlers qui entérineraient les menées de l’agresseur.
 
Nous soutenons l’Ukraine dans ses efforts qui visent à renforcer ses structures démocratiques et l’État de droit en son sein. Nous saluons son accession au statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne.
 
Forts de ces convictions, mus aussi par l’appréhension de voir la guerre se conclure en une paix qui ne serait pas juste, nous soutenons ou organisons des actions militantes sous forme d’écrits ou de manifestations, en lien avec différents acteurs de la société civile.
 
Par ces activités, nous voulons :
  • contribuer au débat public politique et médiatique
  • informer et mobiliser l’opinion et les décideurs
  • participer à la solidarité envers les habitants de l’Ukraine victimes de la guerre, en aidant bénévolement les réfugiés ukrainiens en Belgique
  • contribuer à documenter la situation en Ukraine
  • apporter notre soutien aux voix qui, en Russie, résistent et souhaitent la défaite de l’armée russe
  • soutenir l’Ukraine dans sa résistance et convaincre nos concitoyens de la nécessité d’une solidarité sans faille à l’Ukraine
  • sensibiliser nos concitoyens au risque global que constituent les intentions de la Fédération de Russie pour la stabilité en Europe et dans le monde.
 
Sans justice, la paix est impossible.